Quand on choisit le Quoc Phuong Riverside Homestay, c’est grâce aux commentaires élogieux sur Booking, sinon, aucune chance de trouver le repère d’Ei. Certes il est plus simple de rejoindre son village depuis Saigon que depuis Chau Doc, d’où nous arrivons, mais tu ne peux pas tomber dessus par hasard ! Il nous envoie des infos hyper détaillées pour l’itinéraire et vient nous chercher avec son scooter à l’arrivée du ferry (même s’ils arrivent à transporter des trucs insensés sur leurs scooters, là il fait deux trajets, un avec mon sac et moi puis un 2ème pour Yann).
C’est surtout lors de la sortie en bateau qu’on à l’occasion de discuter avec lui, en compagnie de Fleur et Philippe, des français qui vivent à Hong Kong et qui sont là pour le week-end. Comme il parle très bien anglais, on a pu aborder plein de sujets.
Le père de Ei était fermier (il a aussi travaillé 10 ans pour l’US Army). Ils étaient assez pauvres mais il a réuni assez d’argent pour envoyer deux de ses six enfants à l’université. Ils sont aujourd’hui médecins, ce qu’Ei évoque avec fierté.
Ei quant à lui a ouvert sa guesthouse il y a 6 ans, dans son village. C’est un petit terrain perdu au milieu des cocotiers au bord de la rivière à laquelle est amarré son bateau. Les fruits des nombreux arbres fruitiers nous sont servis au petit déjeuner. Pour le circuit court, on peut difficilement faire mieux.
Pendant le covid, il a dû fermer évidemment mais il est allé travailler un peu à la ferme familiale et il a surtout profité de ses enfants de 11 et 16 ans (Phuong et Quoc, tu comprends mieux le nom de la guest house ? ;)). Ils sont à l’école de My Tho, construite par les français et dans laquelle il faut de très bons résultats pour entrer, ce qui est le cas de son fils qui y étudie pour devenir architecte.
Quand on lui fait remarquer que la réussite des enfants semble une chose très importante au Vietnam, à l’instar de ce que nous avait dit Daisy, il nous répond sans langue de bois qu’il trouve que sa génération fait même un peu trop de sacrifices pour ses enfants ☺. Lui a payé ses études lui-même et nous dit qu’au Vietnam la culture du travail est vraiment très ancrée et qu’ils ne pensent pas assez à prendre du temps pour eux et pour être avec leurs proches.
Ei nous dit de but en blanc que selon lui, les gens sont plus heureux dans le delta, c’est pour ça qu’ils sont plus souriants. La vie y est plus facile car tout pousse, la région est fertile.
Contrairement au centre du pays, très dépendant du tourisme, ici les habitants peuvent être auto-suffisants. Il rigole en nous disant que certes il n’y a pas de plages comme à Da Nang, mais si tu as faim, tu n’as qu’à pêcher ou cueillir des fruits qui sont à portée de main.
Durant la sortie en bateau, on s’arrête à la « Fish farms » d’un ami à lui. Les « Fish farms », ce sont des sortes d’entrepôts flottants dans lesquels sont élevés des poissons qu’ils nourrissent pour les faire grossir.
Parfois ces entrepôts sont aussi les maisons des gens, ils vivent au-dessus des poissons qu’ils élèvent et ouvrent simplement une trappe au milieu de leur salon pour les nourrir. Ça pourrait sembler fun si l’odeur n’était pas aussi… présente.
Ei nous explique que son ami était coiffeur avant et que son père lui a conseillé de se lancer dans l’élevage de poissons. Résultat, ce monsieur est aujourd’hui à la tête de plusieurs Fish Farms, l’investissement le plus important étant ces entrepôts flottants qui coûtent chers mais une fois que tu les as, un seul homme suffit à en faire tourner un nombre important, générant un très bon rendement au fil des années.
Pour poursuivre la minute économie, on évoque aussi la croissance de 7,5% du pays en 2022, avec un fort développement du commerce extérieur. Les ferries et bateaux laissent leur place à de nouveaux ponts de façon à pouvoir livrer plus vite, sans passer par les ports.
On parle aussi de la Chine, du fonctionnement du système politique au Vietnam, bref un vrai tour d’horizon géopolitique 🙂
06/12/2022 Publié par Julie dans :