Yuli, galères et retour sur investissement

Yuli, galères et retour sur investissement

C’est un petit encart dans le Lonely Planet qui est responsable de notre arrêt à Yuli, village de la côte Est à une centaine de km au sud d’Hualien, desservi par le train.

« Walami Trail
C’est une des randonnées incontournables de Taïwan : ce sentier grimpe à un rythme régulier dans la forêt subtropicale peuplée de papillons et de singes bruyants. De nombreux marcheurs se contentent de parcourir les deux premiers kilomètres, au fil desquels on découvre un pont suspendu offrant une vue vertigineuse, un deuxième pont enjambant une cascade et, au-delà, de superbes panoramas sur la vallée. Sans permis, vous pouvez marcher jusqu’à Jianshin (à environ 2h du début du sentier) »

Yuli étant le village le plus proche de cet alléchant descriptif, on a prévu d’y passer deux nuits.

Tectonique des plaques

Ça ne part déjà pas très bien dimanche niveau orga : on a l’après-midi devant nous (la rando est prévue pour demain) et pas vraiment de programme, ça ne grouille pas d’infos touristiques dans cette petite ville endormie où personne ne parle anglais. J’ai repéré des sources d’eau chaude accessibles à 6 km à vélo mais les infos sont approximatives. Allons-y, on verra bien.

La bonne surprise c’est qu’à Yuli ils kiffent les pistes cyclables. Ils se targuent même d’avoir l’unique piste cyclable au monde qui passe à l’endroit où se rencontrent 2 plaques tectoniques (la plaque eurasiatique et la plaque philippine, si tu suivais en cours de géologie). L’ennui quand on construit des ponts à ce genre d’endroit, c’est qu’ils sont régulièrement secoués et le pont pour vélo est fermé car endommagé. Il faut donc prendre le pont des voitures, mais lui aussi est abîmé, certainement par le tremblement de terre qui a touché la zone il y a quelques jours…

Bref, ça roule sur 2 voies pas très larges au lieu de 4, le vent souffle fort par rafales sur les 500 m qui semblent interminables et on s’accroche un peu à nos guidons en serrant les fesses. On est évidemment les deux seuls rigolos sur des vélos à vouloir traverser ce pont. Mention spéciale aux conducteurs qui nous ont tous doublé avec une prudence remarquable. La piste qui se poursuit à travers champs et rizières est très bucolique mais de gros nuages noirs accrochés aux montagnes accompagnent Eole et on finit par décider de faire demi-tour pour rentrer avant l’apocalypse et sans avoir trempé nos pieds dans ces fameuses « Hot Springs ».

No scooters, no hotels

Il nous reste donc du temps pour essayer de trouver un scooter pour rejoindre le début du Walami Trail, à une douzaine de km de Yuli mais après 3 refus de 3 loueurs parce qu’on a pas de permis de conduire taïwanais, on se dit que l’affaire n’est pas encore réglée. Notre hôte nous conseille d’aller chez un autre loueur qui ouvre le lendemain.

En attendant on passe une bonne partie de la soirée à essayer de planifier la suite de notre séjour parce qu’on a beau ne pas croiser de touristes pour le moment, ils sont visiblement tous au même endroit que nous samedi prochain. Plus un hébergement disponible qui ne soit pas soit hors de prix, soit sinistre. On repense notre itinéraire, on décale, on recale, on élargit la zone de recherche et on finit par trouver un Airbnb qui à l’air de le faire. Verdict vendredi. Petite pensée pour la liberté d’organisation du Vietnam où on savait rarement où on allait dormir le surlendemain.

En route pour le Walami trail

Bon mais là tu me lis à cause de mon titre accrocheur (ou peut-être je t’ai déjà perdu sur le pont) et je t’ai toujours pas parlé de notre Walami trail.

C’est donc avec un bon petit déjeuner dans le ventre qu’on se présente chez le loueur qui… ne nous loue pas de scooter non plus. Notre permis international « voiture » ne l’intéresse pas du tout, il faut un permis moto même pour un petit scoot. Moment de flottement. Évidemment il n’y a pas de bus. Reste le taxi à l’aller, le stop au retour, ou… notre ami le vélo.

10 km c’est loin d’être insurmontable. Sauf qu’on avait pas toutes les infos et qu’au km 10, c’est le centre d’information des visiteurs, lui-même situé à 6 km du début du sentier, dont 4 qui grimpent dans la montagne. Alors, avec un VTT, c’est tout à fait envisageable mais avec nos biclous rouillés de la guesthouse (pas les pires qu’on ait chevauchés jusqu’à présent cela dit), c’est une autre histoire. Au bout de 2 km de montée on hésite à faire demi-tour mais pas deux jours de suite quand même… et les paysages commencent déjà à être fous, du coup on s’accroche, on pousse nos vélos quand ça monte trop et on arrive au départ de ce fameux sentier un peu rincés.

Avec tout ça il est déjà midi, il faut qu’on compte une heure pour le retour à vélo, ça nous laisse 4h pour parcourir les 9 km aller-retour et être à Yuli avant la nuit.

Sentier 5 étoiles

Au bout de 1,5 km de sentier, on a déjà oublié cette foutue montée. Le premier pont suspendu est majestueux, la vue à couper le souffle. Les montagnes couvertes d’arbres sont immenses autour de nous, une rivière se faufile en contrebas, c’est super beau. Comme dans les gorges de Taroko, impossible de rendre compte de la perspective en photo, il faut venir voir en vrai.

 

Le sentier se poursuit, on croise très peu de monde, ce qui nous permet de nous arrêter régulièrement et scruter la forêt pour apercevoir des singes, et même une magnifique martre dite « à gorge jaune » (tu peux la googeliser, on a pas eu le temps de dégainer l’appareil photo).

Quelques touristes taïwanais nous saluent chaleureusement. On comprend que certains ont dû nous doubler pendant qu’on était sur nos vélos et se demandaient sans doute qui étaient ces deux cinglés à bicyclette. Ceux qui parlent anglais engagent tous la conversation.

On est trop contents de ne pas avoir lâché l’affaire de ce Walami Trail. On arrive largement dans les temps pour le retour avant la nuit, avec en cadeau bonus les 4 km sur la magnifique route de montagne mais en mode descente cette fois.

Une derniere soirée à Yuli où on trouve un petit resto qui nous sert encore à 19h (ça dîne hyper tôt à Taiwan, beaucoup de restos servent entre 17h et 20h, a fortiori dans les petites villes).

Demain on change de côte, on prend le train pour 👇

Kaohsiung.

 

 

 

 

 

14/12/2022 Publié par Julie dans :
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