Thuy

Quand on débarque au QG des Family Riders, on est tout de suite accueillis par Thuy, petit bout de femme de 32 ans avec qui j’avais échangé les mails. C’est elle qui va conduire notre deux-roues tandis que Yann montera avec Tien, son timide et très gentil cousin à qui elle apprend le métier.

On la voit partir emmener ses 2 enfants à l’école sur son scooter le temps que son mari nous offre un café (noir, très bon, joie).

Le père de Thuy était moto-taxi à Hué, il transportait déjà des gens dans la ville. Thuy, après des études de tourisme, s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire pour développer ça et a eu l’idée brillante des Easy Rider, te permettant de te faire conduire à la ville d’à côté avec tes bagages par un motard expérimenté.

Depuis, son petit commerce s’est bien développé et le nom de leur petite entreprise familiale circule parmi les voyageurs contents d’effectuer un trajet autrement qu’en bus, voiture ou en train.

Elle prend aussi à cœur son rôle d’accompagnatrice et a agrémenté le trajet de nombreuses explications.

Au premier stop pour faire une pause dans un de ces « resto-route » comme il y en des tonnes, on voit une petite cérémonie se dérouler à l’intérieur du bâtiment : les propriétaires viennent d’avoir une nouvelle maison et ils prient pour qu’elle leur apporte bonheur et prospérité.

Juste avant, sur la route on avait vu des voitures décorées pour un mariage, j’ai voulu savoir si se marier en pleine semaine était courant. Thuy nous explique que oui, absolument, car une fois qu’un couple a décidé de se marier, le jour est imposé par la combinaison des dates de naissance des futurs époux pour choisir le moment le plus favorable. Et les mœurs ont déjà évolué puisque quelques années en arrière, si le jour idéal n’existait pas, ben tu te mariais pas.

Plus tard, on a parlé de toute la période où ils n’ont pas pu travailler durant le covid et on a compris entre les lignes que ça avait été vraiment chaud. Pas d’aides du gouvernement hormis un peu de riz, cuit longtemps pour bien remplir les estomacs.

Son père faisait des livraisons de fruits et légumes sur son scooter en portant des kilos et des kilos pour chaque livraison pour gagner quelques dongs. Ce sont la solidarité entre les gens et des dons de personnes plus riches qui leur ont permis de tenir.

Elle est super contente de voir à nouveau les touristes arriver et compte désormais sur son bon rating sur TripAdvisor pour continuer à avoir des clients régulièrement. (incroyable de voir comment la culture des notes a pris le dessus partout, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’épisode de Black Mirror là-dessus. J’aimerais ne jamais avoir à noter qui que ce soit mais quand tu vois l’importance que ça a pour un commerce comme celui-là, tu revois ta position… Pardon, j’ai encore digressé.)

En arrivant à Hoi An vers 17h, après un départ de Hué vers 9h, elle venait d’avoir la confirmation qu’elle avait une réservation pour le lendemain dans le sens inverse, ce qui lui permettait de ne pas rentrer à vide le soir même (4h de trajet quand même, sans les stops qu’ils font avec les passagers) et passer la nuit chez sa cousine (entreprise familiale jusqu’au bout) avant de repartir le lendemain matin.