Notre compagne de voyage Yhnna nous disait qu’en arrivant à El Nido pour ses vacances, elle n’avait pas reconnu la ville dans laquelle elle était venue il y a 5 ans. Les hôtels ont poussé aux côtés de magasins et bars un peu hype pour les touristes. Et il n’est pas si loin le temps où les 240 km de route entre Puerto Princesa et El Nido n’étaient pas goudronnés. Juste 10 ans. Mais là où le développement d’El Nido donne une impression de petite ville agréable avec des rues presque piétonnes, celui de Coron semble un peu plus anarchique.
Bon il faut reconnaître que la pluie à notre arrivée ne nous a pas permis de constater tout de suite le principal atout de la ville, à savoir son environnement. Coron n’a pas de plage, elle est encaissée au pied d’une montagne et son port est un immense champ de boue. « Coron Swimming pool » comme l’appellent, à moitié en rigolant, à moitié désabusés, les chauffeurs de tricycles obligés de réaliser des prouesses de conduite pour éviter les nids de poule.
La ville de Coron est située sur l’île de Busanga. Mais va comprendre pourquoi, l’île qui lui fait face s’appelle… Coron. Donc, depuis Coron, tu as une vue imprenable sur… Coron, qui dégage une aura vraiment particulière et que tu rejoins essentiellement par la mer.
Après, cette ville, on y a passé 5 nuits, on a eu le temps de s’apprivoiser un peu mutuellement : on a le 06 de Mikee, le conducteur de tricycle qui connaît tout le monde et qui arrive à t’organiser une sortie sur un site de snorkelling avec un gars qui a un bateau en moins de 30 minutes. On commence à payer nos trajets 3 fois moins chers qu’en débarquant au port avec nos sacs à dos (ce qui équivaut à une étiquette « touriste crédule et fatigué qui ne connaît pas les distances ni les prix » collée sur ton front).
Coron résume très bien une des choses qui rendent ce pays si attachant : les changements ne semblent pas affecter la vie quotidienne des uns et des autres, une sorte de résilience tranquille et souvent souriante émane des insulaires. Ici, tu passes très vite d’une ambiance à une autre : tu quittes la route principale où se succèdent bars, restos et petits barbecues de rue, tu fais quelques pas et tu passes devant l’église San Augustin, c’est la sortie de la messe et tout le monde est endimanché même si ce n’est pas dimanche. Encore un peu plus loin, là où l’éclairage public commence à vaciller, un petit garçon te sourit et te lance sa balle de basket pour que tu fasses quelques paniers avec lui au bord de la route. Bong, le jovial capitaine du bateau qui nous a emmené plonger à Siete Pecados avec son unique palme en bois (les fameuses « filipino fins »), est garde du sanctuaire marin la nuit et, si l’occasion se présente, dénicheur de poissons-clown pour les touristes le jour.
Mais voilà, pour bien profiter de Coron, il faut quitter Coron. Prendre le large avec un des tours pré-formatés comme à El Nido. Ou trouver un tour privé, mais à Coron, on n’a pas d’amis et bizarrement on n’a pas proposé à Maura et Luigi de partager un nouveau bateau avec nous ;).
Mais Mikee nous trouve la solution en 2 temps 3 mouvements : il y a 2 Allemandes (d’Offenbourg !!) à notre hôtel qui ont réservé un bateau pour demain, on peut se joindre à elles. Parfait. Là encore, on ne regrette pas ce choix, notre guide se faufile en évitant les heures de pointe des tours organisés.
On en prend plein la vue dans les différents lacs et lagons qu’on découvre au détour des falaises grises recouvertes de végétation vert émeraude (il faut bien que la pluie et l’humidité permanente servent à quelque chose). Twin lagoon, Barracuda Lake, Kayangan Lake, Coral Garden, Dinanglet Island… : chaque arrêt a son petit effet waouh et comble encore plus nos copines allemandes qui, en un mois de vacances entre la Thaïlande et les Philippines, n’ont quasiment pas vu de ciel bleu…
Comme je ne suis pas à une contradiction près, je t’ai dit que pour apprécier Coron, il faut quitter Coron, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Il y a le mont Tapyas. Accessible à pied depuis la ville, il te donne une vue à 360° sur la baie, l’île de Coron en face (si tu comprends rien, il faut reprendre le 3ème paragraphe) et tout ce qui l’entoure.
Attention, on a plein de photos parce qu’on a gravi une première fois ensemble les 740 marches pour le coucher du soleil, puis j’y suis retournée le surlendemain pour un footing au petit matin, mais j’ai loupé le lever du soleil. Du coup, j’y suis retournée une dernière fois avant de prendre l’avion pour Manille, vendredi à 5h30, il faisait encore nuit. Le jour a commencé à se lever pendant que je reprenais mon souffle à la 300ème marche, c’était un peu magique là-haut.
Coron, en fait, tu m’as bien apprivoisée 😉
21/01/2023 Publié par Julie dans :